Théorie Mimétique
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Message  Martin Lun 18 Juil - 15:33

La théorie mimétique permet mal, à elle seule, de penser les différences entre les individus. Elle est avant tout une pensée de l'identité, elle nous ramène tous, hommes et femmes, à des mécanismes mimétiques communs, universels.

Dans Shakespeare ou les feux de l'envie, cependant, René Girard observe que dans Le songe d'une nuit d'été, Shakespeare différencie hommes et femmes dans leur rapport à la violence : les jeunes femmes arrêtent de poursuivre Puck, exténuées, mais les jeunes hommes, eux, continuent leur poursuite et il les sauve ainsi, en les mobilisant contre lui, d'une violence qu'ils auraient pu exercer autrement les uns contre les autres. En effet, sous l'effet des sortilèges de Puck, qui dissimulent les mécanismes mimétiques, ils désirent en même temps une même jeune femme, puis une autre. Shakespeare donne discrètement bien sûr la vraie explication de ce comportement : "Oh, hell, to choose love by another's eyes", "Oh, enfer, choisir l'amour par les yeux d'un autre".

René Goscinny, dans La Zizanie, album d'Astérix pétri d'intelligence mimétique, différencie aussi hommes et femmes : les hommes désirent être "l'homme le plus important du village" et les femmes désirent plutôt que leur mari soit "l'homme le plus important du village". On devine d'ailleurs qu'elles ont un rôle moteur dans les conflits que ce désir engendre : les hommes sont plus capables de violence, les femmes sont ou paraissent plus capables de désir, elles poussent les hommes à la violence si elles vivent ainsi leur ambition par procuration, par mari interposé. Elles propagent aussi la rumeur d'une trahison d'Astérix. Sont-elles un peu boucs émissaires ou bien est-ce finement observé ?

Sur la différence entre hommes et femmes, enfin, j'ai une autre référence, malheureusement "sacrificielle", mais pas tant que ça. C'est une chanson de Renaud, dont j'aime beaucoup les couplets, même si le refrain accusateur en diminue la portée, Miss Maggie. Les couplets font l'inventaire des violences masculines auxquelles les femmes ne prennent habituellement pas part, et cet inventaire est accablant. Pour souligner qu'il y a toutefois des exceptions, Renaud donne un exemple, un seul, Margareth Thatcher, la "dame de fer", femme politique anglaise, dont l'intransigeance était elle-même "sacrificielle". Adversaire politique de Renaud (elle était de droite, ultralibérale et il est de gauche, antilibéral), condensant toutes les exceptions féminines aux violences que recense de Renaud, elle est le bouc émissaire (conscient, donc en partie au moins humoristique) de la chanson, dont elle atténue la portée. Cette chanson n'est pas prioritairement une entreprise de séduction mais une mise à jour de la dimension essentiellement masculine de certaines formes de violence. Les hommes y sont-ils un peu boucs émissaires ou bien est-ce finement observé ?

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Entre hommes et femmes, les capacités mimétiques sont les mêmes, mais les hormones sont différentes. Œstrogènes et testostérone ont une influence sur la sculpture du corps, avec toutes les autres différences génétiques, chromosomiques, d'ailleurs, qui existent entre hommes et femmes, mais aussi, très certainement sur la vie intérieure et les comportements. Cette différence est visible au niveau, notamment, de la violence, essentiellement masculine dans le passage à l'acte, même si les désirs féminins peuvent bien sûr appuyer les désirs et la violence des hommes. "Dans cette putain d'humanité, les assassins sont tous des frères" : au niveau du désir, probablement pas, mais au niveau de la réalisation, comme le montre Renaud, c'est bien le cas le plus fréquent.

Il ne faut pas absolutiser cette différence : certaines femmes portent les armes, sont bellicistes. Quelques-unes sont même belliqueuses. Les femmes ne sont pas toujours des modèles d'amour maternel ou de tendresse, loin de là. Elles sont tout aussi perméables que les hommes au désir et à la violence, mais, dans la réalisation concrète de la violence, habituellement, elles vont moins loin. René Girard explique aussi que certains mythes attribuent aux femmes une culpabilité qui doit être en réalité, dit-il, "celles des hommes" : le démembrement dionysiaque, par exemple, est probablement d'après lui réalisé par des hommes, qui ensuite en accusent les femmes.

Certaines féministes occultent le féminin, sont en rivalité mimétique avec les hommes. La théorie du "genre" selon laquelle l'orientation sexuelle est une construction sociale est aussi la négation de différences dont la base biologique (génétique, hormonale) est pourtant évidente. Une compréhension superficielle de la théorie mimétique pourrait servir ce genre d'interprétations : si tout est mimétique, tout est culturel, rien n'est inné, tout est acquis. René Girard montre lui-même la fausseté de cette absolutisation. Il faut avoir conscience des limites de la théorie mimétique et l'associer à des observations qui l'affinent, qui assouplissent son modèle théorique global.

Martin
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