Théorie Mimétique
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Rédemption, Satan, péché originel : théorie mimétique et théologie

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Rédemption, Satan, péché originel : théorie mimétique et théologie Empty Rédemption, Satan, péché originel : théorie mimétique et théologie

Message  Martin Lun 18 Juil - 18:00

La rédemption chrétienne, c'est Dieu qui nous sauve du péché et de la mort. La résurrection et la grâce y occupent une place prépondérante. Elle inclut aussi les sacrements, l'Esprit Saint, la divinité du Christ, etc. La théorie mimétique, au contraire, reste athée dans son développement (sauf dans Je vois Satan tomber comme l'éclair où la nécessité de la résurrection est déduite de l'intensité du phénomène de bouc émissaire, que rien ne pourrait défaire quand il se produit avec sa vigueur maximale, sauf un miracle). La croix y occupe une place prépondérante mais pensée uniquement comme phénomène de bouc émissaire. Ce dont Jésus nous sauve pour la théorie mimétique, c'est essentiellement de la violence et des désirs mauvais qui y conduisent. D'après René Girard, la révélation de la violence par la croix intensifie également par la suite la violence, qui devient apocalyptique. Mais sur le plan individuel au moins, ou sur celui du petit groupe, la rédemption mimétique a la même structure que la rédemption chrétienne, elle lui est isomorphe, mais elle n'en est qu'une partie, pas la totalité.

La théorie mimétique laïcise aussi le péché originel, qu'elle identifie au mauvais mimétisme, à la propension humaine à la violence, propension uniquement mimétique. Elle laïcise aussi la figure de Satan, qu'elle identifie au mécanisme mimétique qui conduit au phénomène de bouc émissaire. Satan résume le cycle mimétique, mais son existence comme ange déchu est de ce fait mise en doute.

René Girard prétend apporter avec la théorie mimétique l'anthropologie chrétienne dont la théologie a besoin pour se fonder. Mais il s'éloigne pour cela de la parfaite orthodoxie. Le mouvement de rédemption que la théorie mimétique dessine est compatible avec la théologie, il peut s'y ajouter, ce qui fait qu'elle est généralement bien reçue par l’Église, avec par exemple le père Cantalamessa, prédicateur au Vatican, qui en reprend des élément essentiels, mais des reproches théologiques lui sont également adressés en ce qui concerne Satan et le péché originel. Pour le catéchisme, par exemple, le péché originel se répand "non par imitation, mais par propagation". Ce n'est pas très gênant en vérité puisque pour la théorie mimétique la propension au mal se répand plutôt, disons, par transmission génétique de la capacité mimétique qui nous y prédispose. Mais le catéchisme spiritualise davantage le mal, il ne l'enracine pas dans la seule biologie humaine, et un jour ou l'autre, les théologiens devront trancher.

Va-t-on canoniser René Girard ? Finira-t-il saint et docteur de l'Eglise comme certains le pensent déjà ou bien comme Pascal, aimé, admiré, repris, mais pas canonisé pour autant car janséniste ? La rédemption chrétienne va plus loin que ce que la théorie mimétique en révèle, puisqu'elle inclut la victoire sur la mort. Et l'orthodoxie de la théorie mimétique sur le péché originel et sur Satan est discutable, et discutée. Peut-être pour rester catholique faudra-t-il un jour, qui sait, abjurer certaines thèses, jugées trop audacieuses, hérétiques, de la théorie mimétique ?

Martin
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