Oedipe de Sénèque
Oedipe de Sénèque
Oedipe de Sénèque est à ma connaissance la première lecture juste d'Oedipe Roi de Sophocle !
Et la seule avant bien longtemps, car j'ai lu aussi d'autres Oedipe, comme celui de Voltaire, qui sont parfaitement dupes du mythe. Seul Cocteau dans La machine infernale, "flaire" qu'il y a du bouc émissaire dans l'air (il parle par exemple de "machine à fabriquer les dieux" ; "machine veut dire aussi "machination", "complot" ; etc.), il en a l'intuition, mais il affirme quand même la culpabilité d'Oedipe dans des formules définitives - du genre "tu as commis le parricide et l'inceste" - qui n'existent pas, bien sûr, volontairement, chez Sophocle.
Oedipe de Sénèque est la première interprétation sacrificielle du destin d'Oedipe : Sénèque reprend et développe les images mythologiques de l'encerclement par une foule, images déjà présentes chez Sophocle ; Tirésias, dans sa pièce, "lit" longuement le destin d'Oedipe et de Jocaste dans les entrailles d'un bœuf et d'une génisse qu'il a préalablement sacrifiés ; et il met, ironiquement, dans un propos d'Oedipe à Tirésias et non l'inverse, ces paroles limpides : "Tu finiras en vile victime sacrifiée au salut commun" (comment mieux suggérer qu'il a parfaitement compris qu'Oedipe est un bouc émissaire ?) !
De même que Sophocle côtoyait Périclès, Sénèque était de l'entourage de Néron. Sans doute a-t-il vu, lui aussi, le phénomène de bouc émissaire s'ébaucher contre un puissant, contre Néron. Il comprend donc parfaitement, contrairement à la plupart de ses lecteurs ou spectateurs, Oedipe Roi de Sophocle.
J'ai même le sentiment qu'il n'a écrit son Oedipe que pour prouver qu'il avait compris Oedipe Roi de Sophocle, que pour prouver qu'il était dans le secret des dieux, qu'il faisait lui-même partie des happy few.
Et la seule avant bien longtemps, car j'ai lu aussi d'autres Oedipe, comme celui de Voltaire, qui sont parfaitement dupes du mythe. Seul Cocteau dans La machine infernale, "flaire" qu'il y a du bouc émissaire dans l'air (il parle par exemple de "machine à fabriquer les dieux" ; "machine veut dire aussi "machination", "complot" ; etc.), il en a l'intuition, mais il affirme quand même la culpabilité d'Oedipe dans des formules définitives - du genre "tu as commis le parricide et l'inceste" - qui n'existent pas, bien sûr, volontairement, chez Sophocle.
Oedipe de Sénèque est la première interprétation sacrificielle du destin d'Oedipe : Sénèque reprend et développe les images mythologiques de l'encerclement par une foule, images déjà présentes chez Sophocle ; Tirésias, dans sa pièce, "lit" longuement le destin d'Oedipe et de Jocaste dans les entrailles d'un bœuf et d'une génisse qu'il a préalablement sacrifiés ; et il met, ironiquement, dans un propos d'Oedipe à Tirésias et non l'inverse, ces paroles limpides : "Tu finiras en vile victime sacrifiée au salut commun" (comment mieux suggérer qu'il a parfaitement compris qu'Oedipe est un bouc émissaire ?) !
De même que Sophocle côtoyait Périclès, Sénèque était de l'entourage de Néron. Sans doute a-t-il vu, lui aussi, le phénomène de bouc émissaire s'ébaucher contre un puissant, contre Néron. Il comprend donc parfaitement, contrairement à la plupart de ses lecteurs ou spectateurs, Oedipe Roi de Sophocle.
J'ai même le sentiment qu'il n'a écrit son Oedipe que pour prouver qu'il avait compris Oedipe Roi de Sophocle, que pour prouver qu'il était dans le secret des dieux, qu'il faisait lui-même partie des happy few.
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