Le père de Foucauld : "l'imitation est inséparable de l'amour"

Le père Charles de Foucauld écrivait :

"... chacun sait que l'amour a pour premier effet l'imitation... je devais donc imiter la vie cachée de l'humble et pauvre ouvrier de Nazareth... jouissant de cette pauvreté et de cet abaissement que Dieu m'avait fait si ardemment désirer, pour l'imiter..."

Désir mimétique conscient de l'abaissement de Jésus Christ, de sa vie cachée à Nazareth !...

Il écrivait aussi :

"L’imitation est inséparable de l’amour : c’est le secret de ma vie. J’ai perdu mon coeur pour ce Jésus de Nazareth […] et je passe ma vie à chercher à l’imiter autant que le peut ma faiblesse."

Composante "mimétique" de l'amour !

"Amour mimétique", en quelque sorte : "Les amis de mes amis sont mes amis", par exemple.

Saint Paul écrivait déjà : "imitez-moi comme j'imite le Christ". Le père Charles de Foucauld s'inscrit dans cette tradition. Les chrétiens les plus "semblables" au Christ ne sont-ils pas aussi, presque invariablement, les plus aimables ?

L'imitation est un phénomène biologique autant que... spirituel ! Si le christianisme n'est qu'un courant mimétique parmi d'autres, il n'est rien, mais si un chrétien perçoit le lien intime entre imitation et amour, il est plus formidable encore ! Paradoxe extrême de l'Incarnation : c'est dans le biologique, c'est dans la chair, que l'Esprit parle le mieux ! Les chrétiens les plus désincarnés, les moins "mimétiques", ne sont pas les plus intéressants. L'évangile selon saint Jean est singulier, par exemple, au contraire, parce qu'il est le plus "mimétique" des évangiles, parce que non seulement il raconte la vie du Christ, mais parce qu'il le fait longuement discourir, parce que saint Jean l'"imite" jusqu'à nous restituer sa "façon de parler", dont il est manifestement imprégné !

L'imitation négative, la mauvaise "mimesis" mise en lumière par René Girard, est fondamentale mais elle n'est que le reflet inversé de la bonne imitation dont la Trinité est le modèle. Le père de Foucaud, dont la prière d'abandon est si belle et qui convoitait "l'avant-dernière place", parce que la dernière est occupée par le Christ, dont la postérité est le levain dans la pâte au milieu des plus pauvres, en avait l'intuition et plus que l'intuition puisque c'était pour lui "le secret de [s]a vie" !