Théorie Mimétique
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Les origines sacrificielles du droit

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Les origines sacrificielles du droit Empty Les origines sacrificielles du droit

Message  Martin Mer 20 Juil - 22:09

La théorie mimétique explique la genèse des interdits à partir du phénomène de bouc émissaire. Le phénomène de bouc émissaire, lorsqu'il se produit, se produit généralement alors que la communauté est en effervescence, est en crise. Cette crise peut avoir des causes extérieures, mais elle se caractérise à l'intérieur du groupe par des conflits qui, par contagion, se généralisent. Et ces conflits s'enracinent eux-mêmes dans des désirs qui portent mimétiquement sur des objets impartageables. René Girard ramène la naissance des interdits à un phénomène très simple : si un enfant se brûle au feu, il n'y remettra pas la main. Dans une petite communauté de la taille des premiers groupes humains, toute crise, toute discorde généralisée, est effrayante. Mécaniquement, le phénomène de bouc émissaire éteint la crise, réconcilie les hommes, mais ils n'ont pas envie de voir ressurgir la crise. Comme les premiers hommes ne comprennent pas eux-mêmes clairement les mécanismes de leur propre violence qui leur font diaboliser, d'abord, puis vénérer leur victime pour ses vertus réconciliatrices qu'ils lui attribuent tout aussi superstitieusement qu'ils l'ont d'abord diabolisée, tout ce qui rappelle la crise fera pour eux l'objet d'une terreur sacrée. Les tabous, les interdits, naissent de là.

Les interdits religieux sont déjà une gestion inconsciente de la violence, de même que les sacrifices. Parmi les accusations diabolisatrices dont les hommes accablent leurs nouvelles victimes humaines lorsque le phénomène de bouc émissaire se produit à nouveau, alors que des interdits existent déjà, il y a l'accusation, fréquente, de transgresser ces mêmes interdits, de ne pas respecter les tabous en vigueur au sein de la communauté. Et que produit le plus souvent une accusation diabolisatrice de ce genre ? Une flambée de violence collective contre le transgresseur réel ou supposé (car la rumeur joue un grand rôle), c'est-à-dire le phénomène de bouc émissaire. La peine de mort, donc l'origine de la sanction pénale, de l'exercice du pouvoir judiciaire, s'enracine dans le phénomène de bouc émissaire qui "apprend" aux hommes à tuer les transgresseurs. René Girard explique que le droit apparaît lorsque la société est assez forte pour qu'en cas de meurtre, la vengeance "publique" vise le coupable et non plus un substitut sacrificiel comme c'est le cas dans certaines sociétés ethnologiques. La peine de mort naît-elle directement dans le phénomène de bouc émissaire, qui se produit souvent, et ce depuis toujours, dans toute société humaine, ou dans le sacrifice (perçu comme nécessaire dans les sociétés archaïques en cas de meurtre ou de transgression) qui fait retour sur le coupable ? C'est difficile à dire précisément, mais la peine de mort est de toute évidence un phénomène "sacrificiel", c'est -à-dire dont la structure est proche de celle du sacrifice ou du phénomène de bouc émissaire, et ses origines sacrificielles ne font pas de doute non plus.

Le droit n'est pas par là spécialement mis en accusation : toute la culture humaine, d'après la théorie mimétique, est fille du religieux archaïque. Le sacrifice vient du phénomène de bouc émissaire, et toutes les institutions humaines, la royauté, la prêtrise, les rites de passage, etc., viennent du sacrifice ou des retours qu'il n'a pas permis d'empêcher du phénomène de bouc émissaire.

De même que le sacrifice humain s'adoucit en sacrifice animal, la peine de mort s'adoucit en peine prolongée de prison. C'est un progrès évident, mais l'incarcération reste une forme d'exclusion collectivement administrée, donc sa structure reste elle aussi "sacrificielle" même si sa violence est bien moindre. Cela conduit à s'interroger sur ce que pourrait être une justice complètement nettoyée de sa violence originelle. Je n'ai pas de réponse définitive, je réfléchis, et les spécialistes du droit en font autant, je le sais bien. Je vais ouvrir dès que possible un autre sujet là-dessus, sur les questions de récidive, de réparation, et d'erreur judiciaire.

Martin
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