Théorie Mimétique
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Transcendance de la violence et surtranscendance de l'amour

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Transcendance de la violence et surtranscendance de l'amour Empty Transcendance de la violence et surtranscendance de l'amour

Message  Martin Dim 17 Juil - 23:20

Au schéma :

désir mimétique => rivalité mimétique => crise mimétique => tous contre un mimétique

je me suis un jour amusé à opposer celui-ci :

amour (mimétique ?) => fraternité (mimétique ?) => paix (mimétique ?) => tous pour un (mimétique ?)

La méditation sur les neurones miroirs suggère que l'empathie (l'identification, la compassion), phénomène mimétique, pourrait être le nom scientifique, disons, de l'amour. L'amour a une dimension mimétique évidente qu'exprime bien le dicton : "les amis de mes amis sont mes amis" (dans Slumdog Millionnaire, j'ai entendu au contraire "les ennemis de mes ennemis sont mes amis", formule sacrificielle par excellence). Mais "mimétique" est réducteur, et discrètement péjoratif aussi, discrètement synonyme d'"absurde". On rechigne à parler d'amour mimétique, sans plus. Pareil pour la fraternité ("un pour un", l'amitié aussi est un rapport de "doubles" positif) et pour la paix ("tous pour tous", "chacun pour chacun", ce qui évoque également la solidarité). Parler de "tous pour un mimétique" choque moins. Il semble moins "naturel" de se liguer pour défendre un individu unique (ou une poignée d'individus). Le mot "mimétique" indique bien que sans l'influence des autres, cela ne se produirait pas.

Neutraliser le mauvais mécanisme mimétique libère l'empathie de tout ce qui l'entrave, des effets pervers de l'imitation, et permet une action collective fondée sur une "bonne" imitation. Aux "structures de péché" (voisines de tout ce que l'homme a réussi à fonder sur la "concupiscence" d'après Pascal), Jean-Paul II opposait le projet d'une "civilisation de l'amour". Le passage de l'engrenage mimétique destructeur étudié par René Girard à une dynamique constructive de la bonne imitation pourrait être un instrument de la construction d'une telle civilisation. On ne détruit bien que ce que l'on remplace. Sans alternative, le mauvais mimétisme garde de beaux jours devant lui. Si on lui oppose en revanche les progrès de la bonne imitation, elle devient un modèle à imiter, un modèle contagieux susceptible de détourner sans effort du mauvais mécanisme mimétique.

Jésus fait de même. "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse" ne suffit pas. Les interdits sont ennuyeux. Ils suscitent le désir mimétique inversé de les transgresser. Il propose donc cette formule positive que l'Église appelle la règle d'or : "Tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux".

Ruminer les progrès du mal est angoissant. Contribuer aux progrès du bien est exaltant. Faut-il tuer en soi le désir ou l'orienter différemment ? L'engagement dans une cause ou une autre a un effet d'entraînement mimétique positif, un effet (mimétique) de "conversion" du désir, qui passe de la "transcendance déviée", tournée vers des idoles, à la bonne transcendance, tournée vers les progrès collectifs de l'empathie et de l'amour. Jean XXIII adressait son encyclique Pacem in terris, Paix sur la terre, "à tous les hommes de bonne volonté". La "communion des saints", ce pourrait être cela, l'unité invisible mais profonde de "tous les hommes de bonne volonté" d'où qu'ils viennent, et non pas seulement celle des chrétiens, dont certains ont malheureusement le cœur sec comme une pierre. La théorie mimétique, par sa vision du mal et sa dimension "apocalyptique" m'angoisse. Méditer les actions collectives positives passées et celles qui demeurent possibles me réchauffe le cœur.

A la transcendance de la violence s'oppose "la surtranscendance de l'amour", comme dit René Girard dans Des choses cachées depuis la fondation du monde. Après l'avoir lu et un peu par rivalité, un peu pour le "déborder par sa gauche" comme il dit, j'ai beaucoup lu l'abbé Pierre, sœur Emmanuelle, mère Térésa, le père Ceyrac, et d'autres encore. J'y ai trouvé des exemples exaltants de mobilisation positive mais aussi une source d'inquiétude nouvelle, dans l'impossibilité pour un intellectuel à les imiter vraiment. Parler, écrire, conduit à faire moins, mais peut conduire, je l'espère, à être plus nombreux.

Martin
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