Structure sacrificielle et mimétique de la démocratie
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Structure sacrificielle et mimétique de la démocratie
Je voudrais parler tout d'abord d'une idée de René Girard qui m'amuse beaucoup et qui en même temps me glace : c'est l'idée selon laquelle la démocratie fait la part belle au phénomène de bouc émissaire, à travers les élections. Il cite François Mitterrand qui expliquait qu'"après l'état de grâce vient l'état de disgrâce". L'élection est un choix collectif, dans une large mesure mimétique, car influencé par le choix d'autrui, ou manipulé par la démagogie, par les mensonges qu'un candidat avance et auxquels il consent pour se faire élire, par les médias, etc. On choisit quelqu'un mais on en rejette aussi en même temps un autre. Un président devenu impopulaire peut être rejeté par un scrutin plus que son adversaire n'est réellement choisi. Certains votes sont des votes d'adhésion mais d'autres sont des votes sanction et les deux se distinguent parfois très mal. Remplacer un président par un autre, c'est un peu comme destituer son roi, ou lui couper la tête, régulièrement, rituellement, autrefois tous les sept ans et maintenant tous les cinq ans.
René Girard, dans une interview, cite Winston Churchill : "La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres". Il explique également que face aux problèmes écologiques, mettre en suspens la démocratie ne serait pas un luxe, car les électeurs votent presque toujours dans le sens de leurs intérêts, égoïstement.
Je ne prétends pas faire le tour de la question, il faudrait parler de Platon, qui avait déjà vu que par le biais de la démocratie, un tyran peut accéder au pouvoir. L'éducation est essentielle. Le mécanisme de bouc émissaire, sinon, est triomphant. Nos démocraties sont fragiles : une grave crise porterait facilement au pouvoir des candidats aux tendances dictatoriales, cherchant l'union sacrée contre un ennemi commun.
Les meilleures solutions ou les meilleurs candidats ne sont pas toujours majoritaires, malheureusement. D'où l'importance de savoir parfois agir, mais à bon escient, contre l'opinion publique. La peine de mort n'aurait jamais été abolie en France si François Mitterrand s'était déterminé en fonction des sondages. La démocratie asservit les candidats aux intérêts de leur électorat et à l'avis de la majorité. Elle encourage des formes de lâcheté qui ont toujours existé mais jamais à un tel degré : pour être élu, il faut savoir désormais que l'on ne crache pas contre le vent, il faut souvent mettre une importante partie de son orgueil mais aussi de sa dignité dans sa poche, il faut dire aux autre, plus qu'ailleurs, ce qu'ils veulent entendre, et il faut même pour cela en venir à le penser, à penser ce que tout le monde pense, au lieu de chercher au fond de soi ce qui est réellement mieux et de le proposer ensuite. L'autre choix, plus périlleux mais plus juste, est de chercher réellement le bien commun, d'être droit dans ses convictions, et de chercher patiemment à convaincre.
Mais quel homme de conviction aujourd'hui peut réellement désirer être le centre de l'attention de tous et sacrifié cinq ans après ? Les vrais hommes de conviction aujourd'hui sont probablement à chercher parmi les conseillers du prince. Le prince lui-même, en démocratie, n'incarnera plus le plus souvent, hélas, je le crains, qu'une ambition. L'élection de Barrack Obama, si contraire aux choix mimétiques et sacrificiels antérieurs (un comédien et un cow-boy, Reagan et Bush, notamment), donne de l'espoir cependant : un réveil démocratique est possible, un choix fondé sur le cœur et la raison, plus que sur des mobiles pulsionnels, encore qu'il soit lui aussi séduisant. Je n'idolâtre pas Barrack Obama mais il tranche par ses origines comme par sa façon d'être avec ses prédécesseurs et avec le type de candidats que nous avons encore en France. Il ne fera pas tout, il sera lui aussi balayé, mais son élection prouve en tout cas que l'inespéré est possible. Elle est, pour moi au moins, et pour beaucoup je l'espère, un signe d'espoir, la preuve qu'un pari sur l'intelligence peut finalement réussir.
René Girard, dans une interview, cite Winston Churchill : "La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres". Il explique également que face aux problèmes écologiques, mettre en suspens la démocratie ne serait pas un luxe, car les électeurs votent presque toujours dans le sens de leurs intérêts, égoïstement.
Je ne prétends pas faire le tour de la question, il faudrait parler de Platon, qui avait déjà vu que par le biais de la démocratie, un tyran peut accéder au pouvoir. L'éducation est essentielle. Le mécanisme de bouc émissaire, sinon, est triomphant. Nos démocraties sont fragiles : une grave crise porterait facilement au pouvoir des candidats aux tendances dictatoriales, cherchant l'union sacrée contre un ennemi commun.
Les meilleures solutions ou les meilleurs candidats ne sont pas toujours majoritaires, malheureusement. D'où l'importance de savoir parfois agir, mais à bon escient, contre l'opinion publique. La peine de mort n'aurait jamais été abolie en France si François Mitterrand s'était déterminé en fonction des sondages. La démocratie asservit les candidats aux intérêts de leur électorat et à l'avis de la majorité. Elle encourage des formes de lâcheté qui ont toujours existé mais jamais à un tel degré : pour être élu, il faut savoir désormais que l'on ne crache pas contre le vent, il faut souvent mettre une importante partie de son orgueil mais aussi de sa dignité dans sa poche, il faut dire aux autre, plus qu'ailleurs, ce qu'ils veulent entendre, et il faut même pour cela en venir à le penser, à penser ce que tout le monde pense, au lieu de chercher au fond de soi ce qui est réellement mieux et de le proposer ensuite. L'autre choix, plus périlleux mais plus juste, est de chercher réellement le bien commun, d'être droit dans ses convictions, et de chercher patiemment à convaincre.
Mais quel homme de conviction aujourd'hui peut réellement désirer être le centre de l'attention de tous et sacrifié cinq ans après ? Les vrais hommes de conviction aujourd'hui sont probablement à chercher parmi les conseillers du prince. Le prince lui-même, en démocratie, n'incarnera plus le plus souvent, hélas, je le crains, qu'une ambition. L'élection de Barrack Obama, si contraire aux choix mimétiques et sacrificiels antérieurs (un comédien et un cow-boy, Reagan et Bush, notamment), donne de l'espoir cependant : un réveil démocratique est possible, un choix fondé sur le cœur et la raison, plus que sur des mobiles pulsionnels, encore qu'il soit lui aussi séduisant. Je n'idolâtre pas Barrack Obama mais il tranche par ses origines comme par sa façon d'être avec ses prédécesseurs et avec le type de candidats que nous avons encore en France. Il ne fera pas tout, il sera lui aussi balayé, mais son élection prouve en tout cas que l'inespéré est possible. Elle est, pour moi au moins, et pour beaucoup je l'espère, un signe d'espoir, la preuve qu'un pari sur l'intelligence peut finalement réussir.
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