Genèse des mythes et histoire
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Genèse des mythes et histoire
René Girard a fait l'école des Chartes, il est historien de formation.
Les outils conceptuels de la théorie mimétique dans son étude des mythes sont les outils conceptuels de l'histoire. Sa compréhension des nombreux mythes où figure un meurtre collectif assorti d'accusations fantastiques n'est autre que celle qu'ont les historiens de la chasse aux sorcières au Moyen Age. René Girard dit qu'il doit y avoir des victimes réelle derrière ces mythes malgré leurs éléments fantastiques car il y a des victimes réelles derrière les récits de chasses aux sorcières malgré leurs éléments fantastiques. Les violences des différentes mythologies de la planète ont des bases historiques réelles.
Les historiens peuvent aider la théorie mimétique. Essentiellement, je pense, deux façons :
1) En mettant à jour des récits historiques qui s'éloignent de l'histoire et évoluent vers le mythe, des récits historiques qui se mythologisent. Michel Serres explique dans Rome, le livre des fondations, que plusieurs récits retracent la fondation de Rome, certains plus proches de l'histoire, d'autres plus proches de la légende. Leur rapprochement confirme deux idées de la théorie mimétique, celle de la fréquence et du caractère souvent fondateur des meurtres collectifs et celle d'un effacement fréquent des traces de ces meurtres collectifs car ils font malgré tout honte à ceux qui les ont commis ou à leurs descendants : dans un récit à forte connotation historique, Rémus est tué par une foule d'opposants ; dans la légende au contraire, son frère, seul, le tue. La légende efface le meurtre collectif, résume toute l'affaire à une opposition de "doubles", de frères ennemis. Un récit comme celui du meurtre d'Abel par Caïn ne pourrait-il pas avoir connu le même genre de dérive ? D'autres exemples dorment certainement chez les auteurs anciens, autour notamment des régicides.
2) En étudiant à fond les phénomènes de persécution, ce qu'elle fait déjà. Non seulement les faits, cependant, mais aussi les déformations des faits induites par la haine des victimes, les éléments de leur diabolisation, de leur déshumanisation, qui font que leurs persécuteurs les transforment en personnages infra ou supra humains. Ce sont des éléments mythiques très importants. Nous en apprendrions beaucoup à partir de là sur la genèse concrète de mythes.
Qu'est-ce que la théorie mimétique, à l'inverse, peut apporter à l'histoire ?
René Girard dans Mensonge romantique et Vérité romanesque historicise le désir, il en étudie les métamorphoses de l'époque de Cervantès à nos jours. Il historicise aussi notre compréhension du sacrifice, depuis les lynchages cannibales jusqu'au sacrifice chrétien. Dans Achever Clausewitz, il historicise la "montée aux extrêmes", la guerre en Europe, des fils de Charlemagne à nos jours. Le désir et la violence sont des moteurs puissants de l'histoire des hommes. Les penser jusqu'au bout, depuis leurs racines biologiques jusqu'à leurs conséquences psychosociales, peut permettre d'affiner également, de clarifier, notre compréhension de l'histoire.
Les outils conceptuels de la théorie mimétique dans son étude des mythes sont les outils conceptuels de l'histoire. Sa compréhension des nombreux mythes où figure un meurtre collectif assorti d'accusations fantastiques n'est autre que celle qu'ont les historiens de la chasse aux sorcières au Moyen Age. René Girard dit qu'il doit y avoir des victimes réelle derrière ces mythes malgré leurs éléments fantastiques car il y a des victimes réelles derrière les récits de chasses aux sorcières malgré leurs éléments fantastiques. Les violences des différentes mythologies de la planète ont des bases historiques réelles.
Les historiens peuvent aider la théorie mimétique. Essentiellement, je pense, deux façons :
1) En mettant à jour des récits historiques qui s'éloignent de l'histoire et évoluent vers le mythe, des récits historiques qui se mythologisent. Michel Serres explique dans Rome, le livre des fondations, que plusieurs récits retracent la fondation de Rome, certains plus proches de l'histoire, d'autres plus proches de la légende. Leur rapprochement confirme deux idées de la théorie mimétique, celle de la fréquence et du caractère souvent fondateur des meurtres collectifs et celle d'un effacement fréquent des traces de ces meurtres collectifs car ils font malgré tout honte à ceux qui les ont commis ou à leurs descendants : dans un récit à forte connotation historique, Rémus est tué par une foule d'opposants ; dans la légende au contraire, son frère, seul, le tue. La légende efface le meurtre collectif, résume toute l'affaire à une opposition de "doubles", de frères ennemis. Un récit comme celui du meurtre d'Abel par Caïn ne pourrait-il pas avoir connu le même genre de dérive ? D'autres exemples dorment certainement chez les auteurs anciens, autour notamment des régicides.
2) En étudiant à fond les phénomènes de persécution, ce qu'elle fait déjà. Non seulement les faits, cependant, mais aussi les déformations des faits induites par la haine des victimes, les éléments de leur diabolisation, de leur déshumanisation, qui font que leurs persécuteurs les transforment en personnages infra ou supra humains. Ce sont des éléments mythiques très importants. Nous en apprendrions beaucoup à partir de là sur la genèse concrète de mythes.
Qu'est-ce que la théorie mimétique, à l'inverse, peut apporter à l'histoire ?
René Girard dans Mensonge romantique et Vérité romanesque historicise le désir, il en étudie les métamorphoses de l'époque de Cervantès à nos jours. Il historicise aussi notre compréhension du sacrifice, depuis les lynchages cannibales jusqu'au sacrifice chrétien. Dans Achever Clausewitz, il historicise la "montée aux extrêmes", la guerre en Europe, des fils de Charlemagne à nos jours. Le désir et la violence sont des moteurs puissants de l'histoire des hommes. Les penser jusqu'au bout, depuis leurs racines biologiques jusqu'à leurs conséquences psychosociales, peut permettre d'affiner également, de clarifier, notre compréhension de l'histoire.
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