Théorie Mimétique
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Théorie mimétique et angoisse

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Théorie mimétique et angoisse Empty Théorie mimétique et angoisse

Message  Martin Mer 20 Juil - 15:10

La théorie mimétique a beaucoup de choses à dire dans le domaine de la psychologie et je ne peux malheureusement pas aborder rapidement tous les sujets qu'elle traite : transfert, hypnose, possession, pensés comme phénomènes mimétiques, parcours vers la folie, vers la psychose, pensé comme aggravation du rapport aux autres devenus obstacles en même temps que modèles, etc. Henri Grivois pense aussi la psychose naissante, à laquelle il est objectivement confronté comme psychiatre, comme associée à ce qu'il appelle le "concernement" : il observe en effet que les personnes qui basculent dans la psychose se sentent en lien étroit avec les autres, comme s'ils s'intéressaient à leurs moindres faits et gestes, comme s'ils étaient "concernés" par elles. L'imitation inversée des marginaux mentionnée par Daniel Lance, est intéressante également. Ma mémoire ne saurait suffire à évoquer toutes les pistes que la théorie mimétique propose encore. Sur la question du harcèlement, sur les souffre-douleur, etc., elle a aussi des choses à dire. Nous ne sommes pas des sujets isolés. Notre rapport aux autres compte énormément dans nos souffrances psychologiques. Et pas seulement notre rapport passé, lointain, à nos parents, mais les relations actuelles que nous avons au présent avec nos proches, notre entourage, notre environnement humain. Ou, de plus en plus, aujourd'hui, d'ailleurs, notre absence de relations ! Les situations de solitude et d'abandon se multiplient. Chacun est mimétiquement rivé à internet, à la télévision, à son téléphone portable, et le voisin immédiat ne compte plus, n'existe plus. Mais je m'éloigne de mon sujet. Pas tant que ça, en fait.

La théorie mimétique permet de prendre conscience de ce qui nous entrave et elle est en cela libératrice, salvatrice. René Girard présente le parcours des grands écrivains qu'il étudie comme des parcours de conversion.

En même temps, elle est une vision du mal qui débouche sur une représentation tragique, "apocalyptique" des relations des hommes entre eux et de leurs relations à l'environnement, au sens écologique du terme. C'est une pensée de l'instabilité, qui envisage l'ordre, la stabilité comme toujours menacés et les emballements mimétiques, au contraire, le désordre, les crises, comme fréquents, inéluctables. Elle permet d'envisager la fragilité extrême de tout ce qui nous semble habituellement stable, comme, même, notre santé mentale ! L'être humain comme l'ordre humain portent en eux le principe mimétique d'une possible autodestruction. L'emballement de la consommation ou l'emballement d'une escalade de violence pourraient littéralement aujourd'hui détruire le monde à coup de bombes atomiques ou d'un désastre écologique.

L'angoisse, c'est, je pense, la peur devenue chronique.

La théorie mimétique nous libère de l'emprise mimétique des autres, mais elle nous voue aussi à des inquiétudes non pas irrationnelles mais au contraire parfaitement rationnelles et néanmoins terribles. La réflexion de René Girard sur les boucs émissaires, par exemple, m'a porté à méditer davantage la Shoah, mais aussi toutes les violences les plus barbares depuis la nuit des temps. Le cannibalisme des chimpanzés est devenu mon compagnon, comme celui des êtres humains, mais aussi les sacrifices humains, la guerre, et autres joyeusetés du même genre.

"No brain, no pain", comme me l'a appris un collègue de travail : "pas de cerveau, pas de souci, de tracas, de souffrance". C'est si vrai ! L'inconscience a du bon. La "conscience malheureuse" de Hegel est, avec la théorie mimétique comme avec la plus élémentaire lucidité, une réalité. Quand on mesure les risques, aujourd'hui, on comprend que nous sommes objectivement en situation d'apocalypse, de menace d'extinction. C'est salvateur, peut-être. La peur n'est pas toujours mauvaise conseillère, elle est un mécanisme biologique au contraire protecteur, à tel point que les personnes en mission humanitaire sont invitées à repartir dès qu'elles cessent de l'éprouver, parce que c'est un symptôme d'aveuglement, lié souvent à l'épuisement, plus que de clairvoyance. Mais la peur, la peur, toujours recommencée devient angoisse, devient un nouveau mal qui nous ronge.

La théorie mimétique n'a pas que des effets psychologiques positif.

Elle peut être l'occasion d'un mal redoublé, et chez certains, qui la réinvestissent par exemple dans leurs paniques ou bien dans leurs croisades, elle l'est. La seule chose qui me rassure un peu, personnellement, c'est de voir avec sœur Emmanuelle, par exemple, que, mimétiquement, le Bien aussi progresse. Tout est question ensuite d'effet de seuil : le seuil critique d'une prise de conscience planétaire, suivie réellement d'effets, d'une inversion par exemple de la courbe d'accroissement de la consommation, sera-t-il atteint ou non avant le seuil critique dans la destruction irréversible de l'environnement ? Le seuil critique de la maîtrise des conflits, dont le cancer du terrorisme, sera-t-il atteint avant que le seuil critique de l'escalade dans le ressentiment armé ne fasse exploser une arme nucléaire ? D'autres menaces, encore, pèsent sur nous. Je ne veux pas toutes les passer en revue. Que chacun, à son niveau de responsabilité s'informe de ce dont il doit s'informer, mais qu'il s'en informe vraiment, et fasse ensuite son devoir. Tant de tentations mimétiques nous détournent aujourd'hui, en effet, de nos plus élémentaires responsabilités. Et je ne parle pas que pour les autres.

La peur est protectrice. L'humour juif le dit bien qui fait observer avec justesse que les juifs pessimistes sont morts bien au chaud dans leur lit à New York alors que les juifs optimistes sont morts, eux, à Auschwitz, en camp de concentration. Tous les juifs n'avaient pas les moyens de rejoindre New York, bien sûr, mais c'est si vrai. Sur le thème de l'optimisme, du pessimisme, de la santé mentale, une chanson de Lynda Lemay, pour finir : Si j'étais optimiste.

Martin
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