Théorie Mimétique
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Jean 3, 1-21

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Jean 3, 1-21 Empty Jean 3, 1-21

Message  Martin Ven 29 Juil - 1:10

01 Il y avait un pharisien nommé Nicodème ; c'était un notable parmi les Juifs.
02 Il vint trouver Jésus pendant la nuit. Il lui dit : « Rabbi, nous le savons bien, c'est de la part de Dieu que tu es venu nous instruire, car aucun homme ne peut accomplir les signes que tu accomplis si Dieu n'est pas avec lui. »
03 Jésus lui répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu. »
04 Nicodème lui répliqua : « Comment est-il possible de naître quand on est déjà vieux ? Est-ce qu'on peut rentrer dans le sein de sa mère pour naître une seconde fois ? »
05 Jésus répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
06 Ce qui est né de la chair n'est que chair ; ce qui est né de l'Esprit est esprit.
07 Ne sois pas étonné si je t'ai dit qu'il vous faut renaître.
08 Le vent souffle où il veut : tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l'Esprit. »
09 Nicodème reprit : « Comment cela peut-il se faire ? »
10 Jésus lui répondit : « Toi, tu es chargé d'instruire Israël, et tu ne connais pas ces choses-là ?
11 Amen, amen, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et vous n'acceptez pas notre témoignage.
12 Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ?
13 Car nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme.
14 De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé,
15 afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
18 Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
19 Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
20 En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ;
21 mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. »

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Martin
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Jean 3, 1-21 Empty Le serpent de bronze

Message  Martin Ven 29 Juil - 15:10

Nicodème est un pharisien. Il vient trouver Jésus "pendant la nuit". C'est un homme bon, probablement, une figure attachante. Mais pourquoi vient-il de nuit ? Il craint certainement les autres pharisiens. Il est partagé entre son désir de rejoindre Jésus et sa fidélité envers ses proches. La nuit est plus calme, plus propice aux entretiens en tête à tête. Mais il y a aussi sans doute une part de honte dans le fait que Nicodème vienne voir Jésus "pendant la nuit", et Jésus explique ailleurs que si l'on a honte de lui, lui aussi aura honte de nous, mimétiquement en quelque sorte, devant son Père. Jésus ne craint pas d'user parfois de formules symétriques, conflictuelles, pour bousculer ses auditeurs. Jésus profite de cette visite de nuit pour faire jouer, à la fin, l'opposition entre les ténèbres et la lumière, cette visite est pour lui prétexte à un enseignement : "En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu." Nicodème n'est probablement pas quelqu'un qui "fait le mal" et, d'un certain point de vue, il "vient à la lumière" même si "c'est de nuit", comme saint Jean de la Croix, puisqu'il rencontre Jésus, qui est lui-même la "lumière du monde". Mais le phénomène de bouc émissaire qui se déchaînera contre Jésus emportera tout. A son début seulement, "qui n'est pas contre nous est pour nous", mais à son apogée : "qui n'est pas pour nous est contre nous". Être partagé, c'est être complice. Nicodème, s'il ne s'attache pas davantage au Christ, abandonnera Jésus à l'heure des persécutions, comme on fait les disciples et les apôtres.

Le "règne de Dieu", le "royaume de Dieu". Jésus n'est pas venu pour être servi mais pour servir. Comment règne-t-il ? Il n'a jamais porté qu'une couronne d'épines. Quand une foule a voulu le faire roi, il s'est enfui. Ce n'est pas la royauté temporelle qu'il désire. C'est régner sur les cœurs. Avoir Jésus pour roi, c'est accepter qu'il règne sur nos cœur, c'est, par amour, aimer comme il aime, et se comporter en conséquence. Le "royaume de Dieu" n'est "pas de ce monde", ce n'est pas un royaume terrestre, territorial. Il est là, il advient, dès lors que nous nous faisons "sujets" de ce royaume, dès lors que nous acceptons son règne, en acceptant que le Christ règne sur notre territoire intérieur, en acceptant qu'il règne nos cœur.

Renaître. Naître de l'eau et de l'Esprit. Être baptisé. Mourir et ressusciter. Être "né de la chair" s'oppose à être "né du souffle de l'Esprit". Jésus appelle à une renaissance spirituelle. La naissance biologique ne suffit pas. Dieu ne peut régner sur nos cœurs que si nous "mourons au péché", que si nous rompons avec tout autre lien, dont les liens de la chair, les liens biologiques, les liens du sang. Jésus est venu nous apprendre à aimer vraiment. Mais pour aimer comme il aime, il faut un courage hors du commun. A l'heure des crises les plus graves et des persécutions, le silence même devient complice, il n'y a donc plus, d'une certaine façon, que des persécuteurs et des persécutés. Pour continuer d'aimer, pour pouvoir aimer comme Jésus jusqu'au bout, il faut avoir rompu au préalable avec toute complicité avec le mal, avec toute lâcheté, et il faut avoir rompu pour cela intérieurement avec des individus, avec les persécuteurs potentiels que nous sommes tous sans l'aide de l'Esprit. Car on persécute par violence et par haine mais aussi par lâcheté ou par indifférence. Dans ses paraboles, Jésus traque nos péchés par omission. Abandonner les justes ou les plus faibles, à l'heure du danger, c'est contribuer à leurs persécutions.

Le témoignage de Jésus n'est pas compris, il n'est pas accepté. Sa divinité, son lien avec le ciel, nous sont inaccessibles parce que nous préférons le plus souvent "les ténèbres à la lumière", parce que nos "œuvres sont mauvaises". Le "Fils de l'Homme" sera donc rejeté, crucifié, "élevé" comme a été "élevé" le serpent de bronze dans le désert. Cette image du "serpent de bronze" est une allusion claire au destin de bouc émissaire du Christ. Elle mérite qu'on s'y arrête.

Les hébreux, dans le désert, n'ont plus confiance en Dieu. Il leur envoie donc des serpents, qui les tue. Ils se tournent alors vers Moïse qui fait couler un serpent de bronze. Élevé au sommet d'un étendard, il suffit de le regarder pour survivre aux morsures. Ces faits se sont-ils réellement produits ? Probablement pas tels qu'ils sont rapportés là. A l'origine de ce récit, des événements se sont produits qui ont été déformés dans un sens mythique. Attribuer à Dieu l'envoi de serpents en guise de châtiment pour manque de confiance, vu dans l'esprit du Nouveau Testament, ne peut qu'être faux sur le plan des faits. Dieu est Amour. Il ne se comporte pas ainsi. Il n'est pas responsable de nos crises. Il est probable, en revanche, que ce texte retrace, en la déformant, une crise réelle. Dans l’Évangile, Jésus appelle les pharisiens "engeance de vipères". Être mauvaise langue, mordre en paroles, avoir une langue double, tenir double langage, être hypocrite, perfide, tout cela peut être symbolisé par la vipère. La médisance est un venin. La méchanceté est un poison. Traduire une crise sociale en langage imagé peut conduire à emprunter l'image du serpent. Le serpent dans la Bible, c'est aussi le serpent de la Genèse, c'est le diable, Satan. Jésus présente la Passion comme "l'heure de Satan". Une crise mimétique débouche sur le phénomène de bouc émissaire parce que la haine est mimétique ; et l'accusation, la diabolisation d'une victime, passe par la rumeur. Des serpents qui mordent peuvent symboliser des médisances, ou des conflits. Rien n'exclut, enfin, que la crise rapportée par cet épisode biblique n'ait eu une origine extérieure, des morsures répétées de serpents, pourquoi pas, mais aussi autre chose, symbolisé par ces morsures, comme une épidémie : le Tintoret peint "Le serpent de Bronze" à une époque où la peste sévissait à Venise et son tableau y fait certainement allusion. Le venin, le poison, peuvent évoquer une maladie perçu comme malédiction divine. Poison ou remède se dit en grec pharmakon. Nos pharmacies utilisent encore le symbole du serpent, d'origine mythologique. Sur le caducée d'Hermès, deux serpents se font face, symbole de conflits. Le pharmakos, cette fois, en grec, était un bouc émissaire, rituellement mis à mort. Les tous contre un soignent, guérissent les conflits, car ils réconcilient les ennemis : "les ennemis de mes ennemis sont mes amis". D'ennemis qu'ils étaient, Hérode et Ponce Pilate "devinrent amis" à l'occasion de la Passion. Le serpent de bronze est un serpent unique qui guérit des morsures d'une multitude de serpents. Il est probablement une allusion mythique au rôle joué par un bouc émissaire bien réel dans la résolution de la crise que retrace ce passage biblique. Si l'on en croit Freud, certaines traditions juives suggèrent que Moïse lui-même aurait pu devenir bouc émissaire des hébreux. Jésus comprend que ce récit dissimule un tous contre un mimétique : tous les serpents "contre" un seul serpent. Dans Œdipe Roi, les images d'une égalisation des hiérarchies en période de crise, de peste, qui font du roi l'égal de ses sujets, pullulent. Dans la parabole des vignerons homicides, la pierre rejetée par les bâtisseurs devient la pierre d'angle, une seule pierre prend une importance décisive par rapport à toutes les autres : toutes les pierres qui servent à construire l'édifice s'opposent à une seule pierre, "rejetée", à laquelle le Christ s'identifie. Jésus s'identifie au serpent de bronze parce qu'il comprend que ce symbole dissimule en langage mythologique une croix, probablement celle de Moïse, ou bien celle d'une autre victime sacrificielle. Jésus n'est pas la première victime d'un phénomène de bouc émissaire et il sait que ce qui l'attend est comparable à ce que d'autres avant lui ont déjà subi. Dans la parabole des vignerons homicides, les prophètes aussi apparaissent comme rejetés. Mais à la différence de nous, Jésus comprend le langage mythologique. Il sait repérer les tous contre un mimétiques des hommes entre eux dans des images qui les masquent. Il n'est pas dupe des serpents de ce récit biblique. S'il compare ailleurs les pharisiens à des vipères, c'est que l'équivalence mythique entre les animaux et les hommes ne lui échappe pas.

Jésus ne nous sauve pas que de notre violence. Il nous promet aussi "la vie éternelle". Sa victoire est aussi victoire sur la mort. Le phénomène de bouc émissaire est salvateur, mais c'est en lui Satan qui expulse Satan, ce sont tous les serpents qui se résument en un seul. Jésus ne nous sauve pas de façon sacrificielle en acceptant que nous nous réconcilions contre lui, mais il nous sauve plutôt, au contraire, de façon mimétique : pour ne pas mourir empoisonné, il fallait regarder, il fallait contempler le serpent de bronze.

Contempler la croix et plus encore celui qui est sur la croix, c'est contempler le seul modèle qui nous détourne absolument de nos désirs mauvais, de nos rivalités mimétiques, qui nous tourne résolument vers l'amour et vers un amour qui ne s'enfuit pas à l'heure des persécutions, un amour qui accepte pour lui-même le pire s'il le faut pour qu'advienne aux autres le meilleur. "Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé." Le salut proposé par Dieu repose sur la contagion d'un amour qui va, s'il le faut, jusqu'à la croix. C'est une œuvre d'amour par laquelle le péché et la violence sont vaincus, mais également, plus mystérieusement encore, où la mort elle-même est vaincue : "Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle." Le baptême d'Esprit, la vie dans le Christ, est déjà une première résurrection, mais la "vie éternelle", qui commence avec le baptême d'eau et d'Esprit, est davantage encore une résurrection puisque après son Calvaire, après avoir été "élevé", crucifié, Jésus est physiquement, est corporellement ressuscité.

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Jean 3, 1-21 Empty Dante : le diable cloué à la croix

Message  Martin Ven 29 Juil - 21:37

Au fin fond de l'Enfer, dans la première partie de La divine comédie, Dante aurait représenté Satan, le diable, cloué à la croix.

Satan expulse Satan. Les serpents expulsent le serpent. Satan laisse régulièrement expulser des victimes, que les hommes prennent pour lui, car ils les diabolisent. Mais c'est pour maintenir son règne, car toujours il échappe, lui, à l'expulsion définitive et réelle que Dante représente. Le règne de Satan se maintient non pas dans la victime injustement diabolisée mais dans la foule des lyncheurs, qui croient l'avoir expulsé à travers le geste même par lequel, en réalité, sans le savoir, ils lui obéissent.

René Girard explique qu'une tradition orientale présente la croix du Christ comme une pêche à la ligne de Satan, où le Christ serait l'appât. La ruse de Dieu n'est pas une ruse : elle est d'accepter au contraire la ruse de Satan, qui elle est une vraie ruse, qui consiste à laisser diaboliser puis expulser des victimes pour asseoir son règne. Satan se laisse prendre car sa ruse réussit habituellement toujours mais ce sont la résurrection et le courage consécutif des disciples qui ruinent le silence terrifié dont le diable a besoin pour qu'elle reste secrète.

Saint Paul présente également les décrets de Satan comme cloués à la croix : sur la croix, les procédés de Satan sont épinglés, révélés, discrédités. Jésus n'est pas le diable mais il est diabolisé. On l'accuse de chasser les démons par Satan. Quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage. C'est parce qu'ils veulent tuer le Christ que ses adversaires le diabolisent.

Ainsi, sur la croix, le serpent de la Genèse est lui aussi épinglé, démasqué dans ses ruses. Le Christ est confondu avec le serpent par ses ennemis, mais contempler la croix, à long terme, permet de reconnaître la proximité, l'identité, du serpent "élevé" et des serpents qui mordent les hébreux, permet de reconnaître de la sorte l'arbitraire de la violence qui frappe le Christ, permet de comprendre que les vrais serpents sont en nous, et non en lui.

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