Jean 3, 22-36

Jean baptise. Jésus baptise. Ils ont à peu près le même âge. Leur situation est propice aux rapports de doubles, au conflit mimétique, à l'opposition des frères ennemis, par ambition. Mais ce conflit n'a pas lieu. Jean reconnaît la préséance du Christ. La hiérarchie entre lui et Jésus tient bon, elle n'est pas ébranlée comme dans une crise mimétique. La discorde n'est pas une fatalité.

L'époux, l'épouse, l'ami de l'époux : la situation est triangulaire, propice au désir mimétique, à la jalousie. Elle fait penser au triangle éternel du mari, de la femme et de l'amant. Jean, pourtant, est "joyeux", "comblé" de "joie" par le mariage à venir. L'amitié et le sens de sa mission bannissent en lui tout mauvais sentiment. Un prêtre qui doit marier des époux est aussi le troisième terme d'un triangle mimétique. Les prêtres sont-ils les hommes les plus frustrés du monde, toujours en situation de désir, car jamais avec une femme entre les bras ? Ils marient les époux au nom de Dieu, qui est Amour, dont ils sont les serviteurs, les instruments, et même les amis, comme tout chrétien. Pour un prêtre sain d'esprit, célébrer un mariage est une joie, une fête, pas une source de tristesse !

Les prêtres n'imitent pas le désir des époux, ils donnent Dieu comme modèle à leur amour.

L’Amour chrétien transcende les conflits mimétiques et le désir mimétique.

"[...] personne n'accepte son témoignage" : Jésus est Parole de Dieu, mais Parole méprisée, rejetée, bouc émissaire. Quelques-uns cependant acceptent son témoignage.

"Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui." Je n'aime pas beaucoup ces formules, qui sonnent comme un chantage, même si elles ne sont, sans doute, qu'un simple constat. L’Évangile explique aussi que celui qui ne mange ni ne boit la chair du Fils de l'Homme, n'a pas la vie en lui. Il prête à Jésus ces mots : "Sans moi, vous ne pouvez rien faire." Si on ne préfère pas Jésus à ses proches, on n'est pas dignes de lui. Etc. Si Dieu n'existe pas, Jésus, c'est sûr, est un gourou. Un gourou gentil, qui prêche l'amour du prochain, mais un gourou quand même, qui établit sur la peur de la perdition une dépendance trop étroite entre lui et ses disciples, qui organise son propre culte. A moins que ce ne soient ses disciples qui l'aient organisé a posteriori en lui prêtant ces redoutables paroles. Ce n'est que si Jésus est Dieu et que si Dieu est Amour qu'elles deviennent acceptables. Si accepter Jésus c'est accepter Dieu et le plus grand Amour, le refuser c'est refuser la vie la plus vivante qui soit, c'est être comme mort, du point de vue de cette vie plus vivante et plus vraie que la vie seulement terrestre, biologique.