Théorie Mimétique
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"Mécanisme du bouc émissaire" et meurtre(s) fondateur(s)

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Message  Martin Sam 2 Juil - 12:52

Je vais essayer d'expliquer à ma façon, à partir de l'expression de « mécanisme du bouc émissaire » que René Girard lui préfère désormais, ce qu'est en réalité « le » meurtre fondateur :

Le phénomène de bouc émissaire, la violence collective mimétique intraspécifique (contre un individu d'une même espèce), se produit très souvent depuis la nuit des temps, depuis le règne animal, depuis les descendants de nos ancêtres communs avec les chimpanzés qui ont atteint le même degré de capacité mimétique (cérébrale) qu'eux, jusqu'à nos jours de toute évidence, puisque le phénomène de bouc émissaire n'est toujours pas éteint.

Les phénomènes de « tous contre un mimétique » peuvent s'accompagner ou non de langage (ce qui y ajoute encore accusation, rumeur, diabolisation, puis vénération, puis récits déformés, mythes), et être plus ou moins violents, et être meurtriers ou non. Ils peuvent pourtant, malgré leur diversité concrète, être regroupés sous un seul et même vocable : « le mécanisme du bouc émissaire ».

Certains phénomènes de bouc émissaire, pas tous probablement puisque les mœurs des chimpanzés démontrent qu'ils ont pu être extrêmement fréquents sur une échelle de temps évolutionniste, ont été si puissants qu'ils ont été mémorisés et répétés régulièrement par ceux qui les avaient commis : c'est l'« invention », mécanique, du sacrifice, d'après la théorie mimétique.

Le sacrifice peut être oublié, une tradition sacrificielle peut éventuellement s'éteindre dans une communauté, mais un nouveau phénomène de bouc émissaire marquant peut un jour ou l'autre le recréer, le faire renaître, ressurgir, tout aussi mécaniquement que la première fois puisqu'il n'est que le phénomène de bouc émissaire recommencé régulièrement, puis organisé, devenant habitude, coutume, rituel.

De même, une communauté peut être pourvue du sacrifice et voir quand même se produire à nouveau en son sein le phénomène de bouc émissaire (les sacrifices n'empêchent pas tout ; la violence collective arbitraire peut réapparaître même dans des communautés dotées de freins puissants). C'est parfois sans conséquence culturelle importante, probablement, mais parfois aussi cela fait apparaître mécaniquement, mimétiquement, un nouveau culte dans la communauté, en supplément du précédent (ou « des » précédents, à la longue). La nouvelle expulsion collective d'une nouvelle victime sert de modèle à une nouvelle tradition sacrificielle. Le polythéisme permet ainsi la coexistence de plusieurs cultes, de plusieurs traditions sacrificielles, enracinées chacune dans son propre « meurtre fondateur ».

Tout cela doit être vu de façon très souple, très mobile, comme quelque chose d'à la fois stable et instable, pouvant disparaître, réapparaître, se multiplier, donner lieu ou nom à des récits mythiques ou à des traditions sacrificielles, selon les circonstances.

Il y a ainsi autant de « meurtres fondateurs » qu'il y a de cultes, de traditions sacrificielles car chaque culte remonte à un meurtre collectif réel, à un phénomène de bouc émissaire réel, qui l'a fondé.

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On peut montrer la même chose à partir des mythes : chaque mythe important, à l'origine d'une tradition sacrificielle, retrace le plus souvent un meurtre collectif, et est donc probablement né dans un phénomène de bouc émissaire réel, qui s'est réellement produit, dont il n'est que le récit déformé, transfiguré, porté par des communautés de tradition orale qui l'ont peu à peu transformé jusqu'à le rendre parfois méconnaissable. Les mythes qui retracent des meurtres collectifs de dieux ou de personnages mythologiques sont nombreux dans toutes les mythologies du monde : les meurtres fondateurs des cultes associés à ces personnages mythologiques ou à ces dieux d'abord lynchés, martyrisés, dont ils parlent, sont donc eux aussi très nombreux. Les violences innombrables de la mythologie ne sont pas purement imaginaires. Si fantastiques qu'elles soient, elles s'enracinent dans la violence réelle des hommes. Quelques mythes sont probablement inventés, sur le modèle toutefois de mythes environnants, mais certainement pas tous ! Les violences mythologiques ont une base réelle.

Chaque tradition sacrificielle enracinée dans un mythe fondateur est enracinée, comme ce mythe, dans un meurtre fondateur bien réel, comme le suggèrent le récit de la mort du dieu dans le mythe et la succession immémoriale de sacrifices qui l'imitent. Chaque culte sacrificiel s'enracine dans un premier meurtre collectif spontané qui l'a fondé. La théorie « du » meurtre fondateur résume en réalité tous « ces » meurtres fondateurs. L'expression « le mécanisme du bouc émissaire » rend mieux compte de cette diversité.

Martin
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